1932. Ned Giles, jeune garçon paumé suite aux décès consécutifs de ses deux parents, quitte Chicago pour rejoindre une « expédition » regroupant de riches personnalités américaines. Embauché comme photographe, Ned a pour mission d'immortaliser le voyage de toute la troupe. Où se rendent-ils ? Dans la Sierra Madre, au Mexique. Là vivent encore quelques centaines d'Indiens Apaches qui détiennent depuis trois ans un jeune mexicain : Huerta. Il faut le libérer. En riposte, une jeune apache vient d'être attrapée et jetée en prison. Elle est la fille sauvage, celle qui servira à l'échange de Huerta.
La narration oscille entre les carnets de Ned Giles et un narrateur omniscient qui focalise sur le personnage et l'histoire de la niña bronca, la fille sauvage. Ils sont les protagonistes principaux de l'oeuvre, et leur destin se croisera pour se lier à jamais.
Ce livre fut glissé dans ma valise pour partir à la maternité... Je le commençais là-bas, mon Tout Petit en position foetale contre ma poitrine... Un livre choisi non sans hasard : une des cultures que j'admire le plus. Mon thème de prédilection. L'histoire des Indiens d'Amérique. Et Jim Fergus, en fervent rapporteur de cette période de l'histoire, dont je vous ai déjà parlé avec Mille femmes blanches.
Malgré les arguments frappants du livre pour me séduire, ma réception reste en demie teinte. La fiction est sympathique, le récit à rebondissements empêche l'ennui. Pourtant, je ne suis pas aussi enthousiaste que l'oeuvre précédemment présentée de Jim Fergus. Bien que la vie des Apaches soit dépeinte, le manque de réalisme de l'intrigue m'a gênée. Les personnages m'ont semblé un peu légers, trop peu inquiets de leur devenir alors qu'ils sont faits prisonniers et condamnés à mort par les Indiens. L'humour de certains d'entre eux me parut souvent mal placé.
Plus clairement, il m'a manquée du tragique, du drame, du suspense. L'histoire des Indiens d'Amérique contre les Américains ou les Mexicains, comme c'est ici le cas, fut noire et baignée de sang. Même si l'auteur le retranscrit, c'est avec trop de recul et de légèreté à mon goût. Il manque ce qui a fait de Mille femmes blanches un grand succès et un vrai coup de coeur pour moi : l'illusion du vrai. Plus on avance dans la lecture, plus on sait que ce n'est que fiction.
L'aspect positif reste néanmoins la réflexion sur le sort des Indiens Apaches, la culture de ce peuple - et la question posée, qui reste en suspend depuis : lequel est le « barbare » ?
La fille sauvage de Jim Fergus, 2004, chez Pocket, 458 pages.